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images 1L'outil appellé lui-même POINTE-SÈCHE, est une pointe très aiguisée et très coupante qui peut être affûtée en aiguille ou taillée; elle se manie comme un crayon et non comme le burin qui se pousse. On utilise des pointes de grosseur différentes, selon les tailles que l'on veut obtenir. La pointe en diamant peut aussi être utilisée pour des tailles très fines et précises. On grave à main levée ou avec un appui-main, car il ne faut pas abîmer les barbes les plus fragiles. Certains artistes ont travaillé sur chevalet afin d'être plus à l'aise. Pour éviter l'oxydation en cours de travail on peut huiler légèrement la planche. La gravure en pointe sèche doit pouvoir conserver son caractère spontané et dessiné; c'est avant tout une gravure d'artiste. La pointe sèche ne fait que déplacer le métal qu'elle griffe, gratte, raye et pique, sous la forme d'un creux bordé de bourrelets créés par le sillage de la pointe. Les tailles sont donc accompagnées d'une barbe de métal qui, si on la regarde à la loupe, est une sorte de vague métallique à la forme déchiquetée. Cette barbe est souvent conservée et d'elle ressort le véritable caractère de la pointe sèche, laquelle ne se contente pas de recueillir l'encre mais essaye aussi d'accrocher celle-ci dans les rebords de ses sillons. Le trait, baveux, fait ainsi ressortir particulièrement les tailles fortes. On peut cependant supprimer les barbes et l'on obtient alors un dessin très précis au trait qui peut être fin. La pointe sèche se pratique sur cuivre nu, parfois sur zinc, bien que celui-ci, s'il est facile à graver, soit un peu solide à l'impression s'il n'est pas aciéré. On emploie aussi l'acier qui donne une gravure particulièrement nette si les tailles sont ébarbées. On emploie encore le plastique du type "Plexiglas", qui a l'avantage de laisser voir le modèle par transparence mais celui-ci, très souple, ne supporte que quelques épreuves à moins d'être soigneusement ébarbé. On peut - avant la gravure – faire une préparation dessinée par calque ou tracer directement le dessin. On peut aussi l'exécuter sur cuivre verni et la combiner avec de l'eau-forte; ainsi, les tailles les plus fines ne seront que très superficielles alors que les noirs profonds seront profondément gravés, le bain donnant à tous les creux une sorte d'uniformité. Les tailles doivent être assez profondes car elles ne retiennent pas en elles-mêmes autant d'encre que celles de l'eau-forte, à cause de leur section triangulaire; par contre, les croisements de traits, grâce à leurs barbes qui s'enchevêtrent, retiennent des noirs intenses et veloutés. L'impression de la pointe sèche est délicate car, d'une part, il faut préserver les barbes qui sont très fragiles, d'autre part, l'encrage doit rester fidèle aux intentions de l'artiste, ce qui n'est pas toujours facile, puisque l'encre s'accrochera différemment, selon que l'on essuie dans un sens ou dans l'autre; par ailleurs, la pression des rouleaux fait baver l'encre autour des barbes. Pour la protection des barbes sur le cuivre, il faut aciérer( c'est-à dire déposer une fine couche d'acier sur le cuivre par un procédé d'électrolyse.) si l'on veut obtenir un certain nombre de bonnes épreuves. Pour la même raison, il est préférable de ne pas tirer des états en cours de travail. La pointe sèche ébarbée et, a fortiori, sur acier est plus résistante et l'aciérage peut n'être pas utile, les épreuves qui ont gardé toute la fraîcheur des premiers tirages, qui sont dites "avec toutes leurs barbes" sont les plus recherchées. Bien qu'on relève différents essais intéressants avant lui, c'est Durer qui grava les premières véritables pointes sèches; en 1512, il fit "La Sainte Parentée", "L'homme de Douleur" et "Saint Jérôme au saule", dont les gris ont un aspect tout à fait différent des demi-teintes de ses burins. Pour Rembrandt, qui s'appropriait tous les procédés, la pointe sèche apportait une accentuation parfois tragique, comme dans les derniers états des "Trois croix" (1653). Lebas (1707-1783) l'employa, mais ce n'est qu'au XIXe siècle et au XXe que cette technique fut vraiment adoptée pour elle-même.

LE BURIN

Le BURIN est l’un des principaux instruments utilisés en taille-douce pour réaliser des gravures à la ligne. Ce terme désigne également la plaque gravée au burin ainsi que les impressions qui en sont tirées. « Le mode d'impression propre à cette technique se nomme impression en taille-douce, cette dernière n'étant pas uniquement celle de la gravure au burin, mais s'appliquant à l'ensemble de l'impression de la gravure en creux. Notons cependant que pour certains puristes, qui veulent en conserver le premier sens, la taille-douce est uniquement la gravure au burin ». Au XIXe siècle, le burin sert aussi dans la gravure sur bois de bout. En gravure, le burin consiste en une tige carrée, rectangulaire ou en losange, en acier trempé, insérée au rouge dans un manche en bois de buis que l'on nomme champignon. « Quel que soit le modèle, le champignon est sectionné de telle sorte que la lame du burin fasse un angle très faible, d'environ 5°, avec la surface de la plaque lorsque le burin est posé sur le méplat du champignon ». L’extrémité est sectionnée obliquement et la pointe soigneusement affûtée est en mesure de creuser un sillon dans une plaque de métal ou de bois. Le sillon s'appelle une taille et sa principale caractéristique est d'être nette et sans rebord, soit très fine, soit très profonde. Le burin est donc une composante de la chalcographie